◊ Les petits détails croustillants.の Par où commencer... Je suis colombien. Je viens d'une famille... bah colombienne. Et donc, sans vouloir paraître cliché, j'ai grandi dans une maison pleine d'enfants et de cris. Surtout de cris. Dans ma famille, on ne sait pas s'exprimer sans élever la voix. Cela ne veut pas dire qu'on se déteste, non au contraire. Plus on crie et plus on s'aime.
Soledad, ce n'est pas une ville aussi tranquille que Vancouver. Il y a des armes, des pleurs, de la terre et beaucoup d'amitié. Surtout entre les enfants ! J'ai grandi entre des coups de feu et des batailles de petits soldats. C'était une enfance dure mais de laquelle je me plains rarement. Je ne suis pas allé beaucoup à l'école et si je connais l'espagnol, c'est seulement parce que c'est ma langue maternelle. Si je m'étais contenté de l'école pour apprendre les nuances de cette langue, je ne saurais même pas dire à mon frère qu'il est un idiot.
の Beaucoup de membres de ma famille ont sombré dans les méandres de la drogue, des meurtres ou autres mauvais desseins. Ma mère faisait tout pour bien nous élever et au final, elle s'est concentré sur moi. Lorsqu'elle s'aperçut qu'à mon adolescence, je commençais déjà à trop toucher à l'alcool et avais de mauvaises fréquentations - mes frères par ailleurs - elle prit sur elle de m'emmener loin de Colombie.
の C'est à l'âge de quatorze ans que j'ai mis les pieds au Canada, à Vancouver, chez l'une de mes tantes éloignées. Vivant dans une belle maison avec un mari riche et un enfant insupportable d'à peu près mon âge, elle a tenu à me mettre dans une école privée qui m'a coupé toute envie d'apprendre quoique ce soit. C'est à la force de pression que j'ai appris à parler l'anglais, langue qui ne me convient toujours pas. J'aime parler Espagnol et le faire me manque horriblement. Donc, quand je rencontre des personnes "comme moi", je n'hésite pas à m'adresser à eux dans ma langue originelle.
の Je ne suis pas allé au-delà de mon premier diplôme, que j'ai obtenu avec beaucoup de difficultés. Mauvais élève, maigre apprenti, je ne m'intéressais à rien et surtout pas aux chiffres, ou aux lettres. J'ai toujours préféré l'action et c'est en aidant un voisin à réparer sa vieille moto qu'il m'a fait comprendre que c'était dans cette voie que je pouvais m'épanouir.
C'est pourquoi, à 19 ans, j'ai entrepris une formation d'apprenti dans un garage de Vancouver, qui m'a embauché quelques mois plus tard tellement j'avais de passion dans ce travail. Réparer les véhicules de toutes sortes me passionne et m'intéresse. C'est du concret, et c'est cela que j'aime.
の J'ai finalement pris mon indépendance il y a quatre ans. Entre temps, j'ai changé six fois d'appartement, passant de petits taudis à quelque chose d'un peu plus correct, grâce à mes efforts dans la boîte. Je suis l'actuel meilleur employé du garage et j'ai souvent du travail en plus de mes horaires, car je ne refuse jamais de mettre les mains dans une voiture.
À côté de cela, je suis un grand amateur de musculation. C'est encore une passion qui colle bien avec mon caractère. J'aime avoir du muscle, me sentir fort et savoir qu'en cas de coup dur, je peux assurer physiquement. Être maigrelet quand on est colombien, ce n'est pas toujours une bonne chose. Je veux savoir me défendre et, avouons-le, on préfère reluquer un beau corps qu'un bâton tout déchiré. Je me comprends. Et puis, cela me permet d'avoir de petites aventures de temps en temps.